Americanah, Chimamanda Ngozi Adichie

Americanah : etre noire aux Etats-unis et en Europe

Dans Americanah, l’auteure Nigériane, Chimamanda Ngozi Adichie nous fait traverser les continents : Afrique, Amérique et Europe. Au travers de deux personnages principaux : Ifemelu et Obinze, on découvre la manière dont une couleur de peau peut influencer  ses relations, son travail, son quotidien, bref sa vie.

Synopsis

En descendant de l’avion à Lagos, j’ai eu l’impression d’avoir cessé d’être noire. »

« Ifemelu quitte le Nigéria pour aller faire ses études à Philadelphie. Elle laisse derrière elle son grand amour, Obinze, éternel admirateur de l’Amérique, qui compte bien la rejoindre. Mais comment rester soi lorsqu’on change de pays, et lorsque la couleur de votre peau prend un sens et une importance que vous ne lui aviez jamais donnés ? »

pourquoi j'ai aimé lire "Americanah" ?

      En lisant ce livre, je me suis rendue compte que je ne connaissais pas grand chose à l’Afrique et encore moins au Nigéria (en même temps, quand j’y pense, pendant mes cours de géographie au lycée, on ne parlait de l’Afrique que comme étant le « tiers-monde » avec cette fameuse distinction « pays du nord et pays du sud » et je n’ai pas le souvenir d’avoir étudié un seul pays de ce continent. Aussi je me dis qu’il serait peut-être temps de faire apprendre aux plus jeunes à placer les pays d’Afrique sur une carte ainsi que leur capitale).

Bref revenons au livre.

Ce qui m’a le plus marqué est l’écriture de l’auteure. Je me suis sentie complètement transportée dans les aventures d’Ifemulu et d’Obinze. Tellement que j’avais parfois du mal à lâcher mon livre. J’ai adoré le personnage d’Ifemulu. J’ai aimé ses prises de position, son intelligence et son impertinence. Elle ose dire les choses telles qu’elles sont et telles qu’elle le pense en envoyant valser le politiquement correct. Elle se moque aussi gentiment du comportement des américains (en particulier d’une certaine catégorie d’intellectuels) et de certains pans de leur culture (et de la culture occidentale en général) comme lorsqu’elle parle de l’éducation des enfants aux Etats-Unis :

J’aime l’ amérique. C’est vraiment le seul pays au monde où je pourrais vivre en dehors d’ici. Mais un jour, des copains de Blaine et moi parlions de la question des enfants, et je me suis rendu compte que si j’avais des enfants, je ne voudrais pas qu’ils soient élevés à l’américaine. Je ne veux pas qu’ils disent « salut » aux adultes. Je veux qu’ils disent « bonjour » et « bonsoir ». Je ne veux pas qu’ils marmonnent « bien » quand quelqu’un leur demande comment ils vont. ou qu’ils lèvent cinq doigts quand on leur demande leur âge. Je veux qu’ils répondent « je vais bien, merci » et « j’ai cinq ans ». Je ne veux pas d’un enfant gavé de compliments, qui s’attend à recevoir une médaille en récompense de ses efforts et répond aux adultes au nom de la liberté d’expression. Est-ce une attitude horriblement  conservatrice ? C’est ce que disaient les copains de Blaine et, pour eux, « conservateur » est la pire insulte qui soit ».

Bien sûr, ce que j’ai particulièrement aimé est d’entendre une femme noire, africaine, prendre la parole et montrer ce que c’est que d’être noire dans un pays tel que les Etats-Unis d’Amérique. J’ai adoré la manière dont l’auteure dépeint ce pays ainsi que l’Angleterre et le Nigéria sans jamais tomber dans les clichés et en faisant toujours preuve d’un excellent sens de l’observation.

Autre morceau choisi :

SI vous dîtes que la race n’a jamais été un problème, c’est uniquement parce que vous souhaitez qu’il n’y ait pas de problème. Moi-même je ne me sentais pas noire, je suis devenue noire qu’en arrivant en Amérique. QUand vous êtes noire en amérique et que vous tombez amoureuse d’un Blanc, la race ne compte pas tant que vous êtes seuls car il s’agit seulement de vous et de celui que vous aimez. Mais dès l’instant où vous mettez les pieds dehors, la race compte. […] Et nous ne voulons pas les entendre dire : regarde le chemin que nous avons parcouru, il y a seulement une quarante ans nous n’aurions pu former un couple légal, bla-bla-bla, parce que savez-vous ce que nous pensons quand ils disent ça ? Nous pensons mais putain pourquoi cela aurait-t-il dû être illégal de toutes façon ? Mais nous nous taisons. Nous laissons tout ça s’accumuler dans nos têtes et, quand nous assistons à de sympathiques dîners progressistes comme celui-ci, nous disons que la race n’est pas un problème parce que c’est ce que nous sommes censés dire, pour que nos sympathiques amis progressistes ne soient pas perturbés. C’est la vérité, je parle d’expérience. »

Je pense que l’on devrait parler davantage de ce livre et le faire lire à un vaste public peu importe les couleurs de peau. Etant moi-même blanche aux yeux bleus, j’ai mieux compris ce qu’être noire pouvait signifier et toutes les discriminations qui pouvaient s’en suivre.

Et vous qu’avez-vous pensé de ce livre ?

 

Et après ?

Pas évident de commencer à lire un autre livre après avoir lu celui-ci. Ce dernier m’a ouvert les yeux et je compte bien poursuivre mon exploration littéraire du Nigéria.

Quelques livres en tête :

  • L’hibiscus pourpre, autre livre de Chimamanda Ngozi Adichie
  • Tout s’effondre, de Chinua Achebe

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